Manito Nation dévoile à Chokarella les coulisses de sa relecture de “Jacomel” du groupe RAM

Le producteur et DJ haïtien Manito Nation, de son vrai nom Emmanuel Fils Jacques, a dévoilé le vendredi 6 juin 2025 une version revisitée du morceau “Jacomel” du groupe RAM. Ce remix électro, porté par une énergie raratech, tisse un lien entre le passé rituel haïtien et une vision sonore tournée vers l’avenir.

« Jacomel est plus qu’un morceau, c’est un symbole », déclare Manito Nation à Chokarella. « Il représente la possibilité de transformation sans trahison. »

Dans ce nouveau projet sorti le 6 juin, Manito ne se contente pas de remixer : il réinterprète, transmet et déplace les lignes du folklore sans jamais en renier la force. Le groove électronique épouse les tambours, le vaudou dialogue avec les synthés.

« On garde les racines, mais on les pousse dans de nouveaux territoires. C’est une manière de dire que notre culture ne se limite pas à ce qui a été, mais s’étend vers ce qui peut être », affirme le DJ.

Avec ce remix, Manito pose un acte artistique autant qu’un geste de mémoire. « C’est un remix électronique, plus précisément dans une énergie raratech, d’un morceau du groupe racine mythique RAM. Avec Jacomel, on a voulu créer une passerelle entre l’univers vaudou roots de RAM et une exploration plus futuriste, électronique, mais toujours profondément connectée aux rythmes de notre terre », indique-t-il.

Son ambition est de créer un espace de dialogue intergénérationnel, là où les tambours anciens rencontrent les machines modernes. « C’est un désir profond de jonction entre l’ancienne génération et la nouvelle. On veut créer un espace de dialogue entre les racines et l’arbre qui pousse. Le combat continue, et la musique reste un outil pour faire passer cette mémoire vivante d’une génération à l’autre », souligne-t-il.

Le projet “Jacomel” est aussi profondément personnel. Il s’enracine dans l’histoire même de Manito. « Je suis Manito, artiste haïtien né et grandi au Cap-Haïtien. J’ai commencé très jeune, immergé dans la musique depuis l’enfance. J’étais maestro du band de mon école, et j’ai très vite compris que le son allait être mon langage principal », raconte Manito.

La musique coule dans ses veines. Son grand-père fut l’un des membres fondateurs du groupe Septentrional. Cet héritage, Manito le porte avec fierté mais surtout avec un besoin de transformation créative. « Aujourd’hui, à travers Manito Nation, je développe une vision musicale hybride, où la tradition rencontre l’expérimentation, en particulier dans des univers comme le raratech et l’afrohouse », indique-t-il.

Au cœur de son projet, il y a un message de transmission et de réinvention culturelle. « Notre folklore est vivant. Il évolue avec nous. On peut être contemporain tout en portant l’esprit de nos ancêtres. Jacomel parle de transmission, d’identité, de liberté sonore. C’est une manière de dire aux jeunes, appropriez-vous vos racines, réinventez-les, faites-en quelque chose de nouveau », affirme-t-il.

Pour Manito, la musique n’est pas un métier, c’est une nécessité vitale. « La musique est ma colonne vertébrale. C’est ce qui me permet de rester connecté à moi-même, à mes émotions, à mon peuple. C’est un outil de conscience, de création, de guérison aussi. Elle me permet d’exister pleinement, sans filtre, et de transmettre quelque chose de vrai », confie Emmanuel Fils Jacques.

Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.