Le réalisateur haïtien Jameson Thermitus a présenté son court-métrage “Une Seconde Chance” à la 78ᵉ édition du Festival de Cannes. Le film, entièrement tourné au Cap-Haïtien, aborde un phénomène de plus en plus répandu dans le monde numérique : le revenge porn.
Photographe, réalisateur et fondateur de la banque d’images Ayisee Stock, Jameson Thermitus se décrit comme « un créateur haïtien passionné par la narration visuelle ». Son parcours débute dans la photographie avant de s’orienter vers le cinéma. « Le cinéma a toujours été un moyen pour moi d’aller au-delà de l’image figée. J’ai ressenti le besoin de raconter des histoires plus profondes, ancrées dans la réalité haïtienne, avec des personnages complexes », explique-t-il lors d’une entrevue avec Chokarella.
De cette volonté naît ” Une Seconde Chance“, un court-métrage qui suit le parcours d’une jeune influenceuse confrontée à l’humiliation publique après la diffusion non consentie d’une vidéo intime. Isolée, brisée, elle trouve un nouvel élan grâce à une rencontre inattendue. « C’est une œuvre sur la résilience et la reconstruction », affirme le réalisateur.
Le sujet, inspiré par les réalités vécues par de nombreux jeunes, dépasse les frontières haïtiennes. Jameson Thermitus précise : « Je voulais aborder un sujet sensible, réel et universel. Cette histoire ne concerne pas uniquement Haïti ; elle résonne avec ce que vivent beaucoup de jeunes, partout dans le monde. » À travers ce récit de fiction, il transmet un message : « Malgré l’humiliation publique, il y a toujours une lumière possible. La rédemption, l’amour de soi et le soutien d’autrui peuvent offrir une véritable seconde chance », confie-t-il à Chokarella.
Le choix du Cap-Haïtien pour le tournage s’est imposé naturellement au cinéaste. « Cette ville regorge de talents trop souvent ignorés. On a tourné dans des conditions assez simples, mais avec beaucoup de cœur », indique-t-il. Les conditions techniques et émotionnelles ont parfois été complexes. Toutefois, l’équipe a veillé à instaurer un climat de confiance. « Il fallait créer un espace sûr pour les acteurs et l’équipe afin qu’ils puissent s’exprimer librement », souligne Jameson Thermitus.
Le film a bénéficié d’un accueil favorable sur les réseaux sociaux, avant d’être sélectionné dans le cadre du Fashion Connect au Festival de Cannes. Un moment particulier pour le réalisateur, présenté par l’acteur haïtien Jimmy Jean-Louis. « Voir son travail projeté, être introduit par une figure emblématique comme Jimmy Jean-Louis, et recevoir autant de retours positifs, c’est inoubliable », raconte-t-il.
Pour Jameson Thermitus, cette sélection revêt une dimension symbolique. « Cannes, c’est une plateforme prestigieuse. Mais au-delà du prestige, c’est surtout la possibilité de montrer une autre Haïti : une Haïti créative, humaine, et engagée », affirme-t-il. Une reconnaissance qu’il tient à partager avec ceux qui l’ont soutenu dans cette aventure, parmi lesquels Jimmy Moïse et Djuna de Clegg.
Le cinéaste prépare désormais l’adaptation de “Une Seconde Chance” en long-métrage et poursuit le développement de plusieurs projets à dimension sociale sous la bannière d’Ayisee Stock Studios. « Je souhaite continuer à produire pour donner une voix à d’autres jeunes créateurs », conclut-il.
Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella