La chanteuse haïtienne Rosena Josselin Orys, figure de la musique évangélique, était l’invitée de l’émission Carel In The Morning ce lundi 19 mai. L’occasion pour l’artiste de revenir sur son parcours, son engagement religieux et la sortie de son dernier morceau intitulé SOS, qui cumule déjà un million de vues.
Lors de cet entretien, Rosena Josselin Orys a retracé ses débuts en tant qu’artiste au sein de son église, avant d’accéder à la scène internationale. Elle a expliqué comment sa foi nourrit à la fois sa carrière musicale et ses activités entrepreneuriales. Publiée le 26 avril dernier sur sa chaîne YouTube, sa chanson SOS, sur un rythme afro, est une louange à l’être suprême. Le clip réalisé par Frè Gabe met en scène la chanteuse confrontée à un conflit spirituel dans son quartier résidentiel.
« J’ai écrit cette chanson en collaboration avec mon mari et Frè Gabe. Un jour, il était venu à la maison puis nous nous asseyions en trio pour effectuer ce travail. Après, mon mari a insisté pour que cela soit faite sur un instrumental afro », confie-t-elle.

Née le 27 avril 1992 dans une famille chrétienne, Rosena a intégré très jeune la chorale de son église. Son entourage, témoin de son implication, l’a encouragée à poursuivre une carrière solo. « Les personnes qui m’entouraient, notamment ceux qui étaient dans mon église, m’observaient lorsque je chantais dans ma chorale et ils ont pu voir que j’ai dû potentielle pour assumer une adoration ou un chant toute seule. À la suite de leurs conseils, j’ai décidé de me lancer en solo en 2016 », se souvient-elle.
À cette période, le secteur musical évangélique connaît une évolution. Les artistes gagnent en liberté dans leurs compositions et plusieurs choisissent d’évoluer en solo. Rosena, qui a expérimenté les deux approches, estime que la différence réside dans la gestion de carrière. « Lorsque vous évoluez au sein d’un chœur évangélique, si tu n’es pas un lead vocal, il y aura des jours vous ne serez pas sur scène. Par ailleurs, vous êtes plus structurés quand vous êtes seule, vous avez toute une équipe avec vous, pour soigner votre image entre autres. De plus, chaque jour, vous avez le souci de devenir meilleur en vue de partager la parole sacrée d’une autre façon », explique-t-elle. Elle souligne également le rôle important joué par les réseaux sociaux dans l’évolution des artistes.
Rosena partage l’idée selon laquelle la croyance reste fortement ancrée dans la société haïtienne. « Chaque Haïtien a une croyance quelconque », affirme-t-elle. Elle estime également que les chansons évangéliques racontent des histoires personnelles et collectives. « Vous chantez votre vie tout en chantant celle d’un autre, parce que ce n’est pas que vous qui avez vécu ces expériences », insiste-t-elle.

C’est en 2016 que le public évangélique la découvre sur scène, lors de la sortie de l’album du pasteur Delly Benson. « Il m’a donné l’opportunité d’interpréter deux musiques ce jour-là, et c’est à ce moment que plusieurs autres personnes ont eu vent de ma capacité lorsque je suis sur scène », raconte-t-elle.
Elle se rappelle de l’accueil bienveillant reçu de la part des grandes figures du secteur à ses débuts. Après trois ans de carrière solo, elle sort son premier album intitulé Bondje Toujou La le 28 juillet 2019. L’opus, produit par maestro Deg en collaboration avec plusieurs autres compositeurs dont Aspen et Jojo, réunit différentes voix de la scène musicale évangélique, parmi lesquelles Salil Lira et Delly Benson.
« J’avais Karl Foster, qui a l’habitude d’organiser des activités culturelles de grande envergure, et qui m’a toujours donné la chance de performer à ses événements dont Pre Lakwa, avant même la sortie de mon album », précise-t-elle. Après le lancement de cet album, Delly Benson lui offre une nouvelle opportunité. Elle confie également que c’est Karl Foster qui lui a permis de rencontrer Salil Lira. « Nous avons collaboré sur le morceau Yon Lot Jan », ajoute-t-elle.
Malgré la qualité de son album, la chanteuse n’a pas pu assurer une tournée promotionnelle en raison de la pandémie de Covid-19. « Certes, lors de la vente signature de mon disque, nous avons rempli la salle, les gens sont venus de partout, mais la pandémie a paralysé la promotion de mon album. J’ai réalisé quelques performances avant de m’y rendre en République Dominicaine en 2021 », se souvient-elle.

À son arrivée dans le pays voisin, elle poursuit la promotion de son disque. « J’ai fait une très belle tournée en République Dominicaine, ensuite je me suis lancée dans l’entrepreneuriat en ouvrant un restaurant sous le nom de Coin Rose sur la terre voisine. Après deux ans, je me suis installée définitivement aux États-Unis », raconte-t-elle.
Rosena confie que le milieu évangélique l’attendait déjà aux États-Unis. Dès son installation, elle se produit dans plus de cinquante événements. « Mon morceau Bondye Fe L a connu un grand succès auprès du public, les gens le chantent tout le temps. Je tiens à remercier mon équipe qui était déjà sur place et elle avait arrangé tout ce dont j’aurais besoin pour mon intégration dans ce nouveau marché », déclare-t-elle, avant d’ajouter : « Dieu continue à frayer le chemin. »
Depuis la sortie de son album, Rosena a pris le temps de savourer ses chansons avant de dévoiler quatre autres titres, notamment M P ap Ebranle, Viktwa, Bondye Fèk Komanse et SOS, son dernier morceau en date. Elle explique qu’elle pressent toujours le potentiel d’un titre avant sa sortie. « Je connais très bien quand l’une de mes chansons va cartonner, parce qu’elle m’a déjà impactée dans le studio. En d’autres mots, le succès d’une chanson, pour moi, dépend de leurs impacts sur mes auditeurs, les témoignages que je reçois, ce n’est pas la quantité de vues cumulée sur les plateformes de streaming », analyse-t-elle.

Souvent, lorsqu’on lui écrit un texte, elle dit partager profondément l’émotion qu’il véhicule. « Mon mari, il est claviériste et il joue un rôle important dans ma carrière, il écrit des textes pour moi », confie-t-elle.
Rosena annonce également qu’elle travaille actuellement sur son deuxième album. « Je pense que l’année prochaine mon album sera disponible », conclut-elle.
Par Youbens Cupidon © Chokarella