Juste-Cœur Beaubrun, un jeune leader qui se veut utile et engagé dans sa communauté

Juste-Cœur Beaubrun, économiste et passionné des nouvelles technologies de l’information, souhaite s’investir dans l’évolution de sa communauté. Entre initiatives culturelles et éducatives, il a tracé son parcours depuis sa commune natale jusqu’aux salles de conférences à l’international, en passant par Port-au-Prince.

« Je suis né avec cette énergie, cette envie de faire la différence. J’aime ça et je me sens vivant en agissant pour les autres », confie Beaubrun lors d’un entretien accordé à notre rédaction.

Le jeune homme affirme avoir consenti de nombreux efforts pour bâtir sa trajectoire. « Dès mon plus jeune âge, j’étais actif dans l’église, dans différents groupes, et aussi très impliqué dans mon école, le Collège La Fraternité de Mare-Rouge. C’est là que j’ai eu mes premières opportunités de parler en public et de m’engager pour la communauté », déclare l’économiste.

Né le 11 décembre 2001 à Mare-Rouge, dans le quartier de Bivouac, Juste-Cœur Beaubrun est issu d’une fratrie de six enfants, composée de trois grandes sœurs, d’un grand frère et d’un petit frère. « J’ai eu une très belle enfance, je suis l’avant-dernier dans ma famille. À la maison, j’ai toujours reçu beaucoup d’attention. Grâce à mes aînés, j’apprenais même les cours de l’école à l’avance, on organisait des débats entre nous. C’était vraiment enrichissant », se remémore-t-il.

Il a effectué l’ensemble de ses études classiques au sein d’un même établissement scolaire. Selon ses propos, il lui arrivait de verser des larmes en voyant partir ses aînés à l’école, ce qui a conduit sa famille à l’inscrire précocement au préscolaire. « Ma famille voulait m’inscrire au Collège La Fraternité, les sœurs disaient que j’étais trop petit. Alors elle a fini par m’inscrire à l’école nationale de la zone, puis j’ai été transféré au Collège Fraternité chez les Sœurs. À la suite d’un test d’admission, on m’a placé directement en préscolaire B. Dès ce moment, j’ai obtenu une bourse jusqu’à la fin de mes études classiques », raconte Beaubrun.

Ses aptitudes intellectuelles l’ont conduit à écrire des feuilletons et à remporter des concours de textes. « Tout cela a forgé mon envie de contribuer positivement à la société », insiste-t-il.

Passionné de sport, il s’est initié à l’animation radiophonique à l’âge de 13 ans, avant de devenir directeur sportif. « J’ai animé des émissions sportives dans trois radios différentes ; tout a commencé à Radio Étoile. Cette expérience a enrichi ma culture générale. À un moment, j’étais même directeur sportif dans une radio, chargé d’une équipe composée de personnes bien plus âgées que moi », avance-t-il.

Juste-Cœur Beaubrun affirme avoir poursuivi son parcours en multipliant les efforts pour atteindre ses objectifs. Après l’obtention de son baccalauréat, il a été sélectionné pour une bourse de leadership et d’excellence offerte par le Haitian Education and Leadership Program (HELP). « J’ai été sélectionné et cela m’a permis d’étudier les sciences économiques à l’UNDH, tout en suivant des formations de haut niveau : quatre ans d’anglais, quatre ans de citoyenneté et de leadership, et deux ans en technologies de l’information », ajoute-t-il. « Je rends grâce à Dieu qui m’a donné la capacité d’apprendre rapidement ».

En 2019, il rejoint Port-au-Prince pour intégrer le campus HELP et l’Université. Confronté à de nouveaux repères culturels, il affirme avoir trouvé dans la communauté de HELP un soutien. « Ce fut une expérience humaine extraordinaire : réseautage, apprentissages professionnels et personnels, stages, responsabilités de leadership », explique-t-il. Il a également bénéficié d’une formation en Social Enterprise and Sustainable Development à Bard College (en ligne), dans le cadre d’un partenariat entre HELP et l’Open Society University Network (OSUN).

Beaubrun décrit HELP comme une structure qui prépare les jeunes professionnels aux responsabilités futures. « Je reste profondément attaché à ce programme. D’ailleurs, comme ancien élève, depuis 12 mois, je contribue régulièrement au fonds KOREM en donnant 10 % de mon revenu pour aider à financer les études d’autres jeunes », indique-t-il.

Sa première source d’inspiration, selon ses propos, demeure sa mère, commerçante de profession. Très tôt, il développe des aptitudes en leadership et en entrepreneuriat. « J’avais déjà des comportements de leader sans le savoir. J’organisais des compétitions sportives, je montais des projets avec des modèles économiques », affirme-t-il. Toutefois, c’est au cours de son orientation à HELP, en 2019, qu’il affirme avoir pleinement pris conscience de son implication. « C’est à ce moment que j’ai compris que ce que je faisais, c’était du leadership », observe-t-il.

C’est en décembre 2019 qu’il découvre réellement la notion d’entrepreneuriat. « Deux amis m’ont influencé à co-fonder un programme d’entrepreneuriat et de leadership pour les élèves de ma communauté ». Pourtant, depuis 2016, il s’était déjà investi dans ce domaine, notamment à travers l’organisation d’activités culturelles et éducatives. « Ces années m’ont appris la rigueur, l’humilité et l’impact du travail collectif », précise Beaubrun.

Par ailleurs, Juste-Cœur Beaubrun a occupé plusieurs fonctions au sein de Banj, parmi lesquelles assistant personnel du PDG, assistant aux opérations techniques, gestionnaire adjoint et directeur de Banj Lab. Ces expériences, selon lui, ont été possibles grâce aux formations qu’il a suivies, notamment en sciences économiques.

« Mon parcours en économie m’a donné une solide compréhension du project management, des dynamiques macroéconomiques et surtout des logiques d’entreprise. Et l’économie m’a appris également à penser systémique, à gérer avec lucidité et anticipation », confie-t-il.

Au sein de cette structure, il a accompagné plusieurs jeunes entrepreneurs dans leur évolution. Il affirme que Banj privilégie la dimension humaine dans ses initiatives. « L’étude de cas sur Banj a bien montré à quel point on mise sur l’humain, la collaboration, le réseau, entre autres », commente-t-il.

D’après son analyse, le département Banj Lab serait le moteur de cet écosystème. « C’est à travers ce département qu’on agit concrètement sur l’écosystème, formé des entrepreneurs et des leaders, accompagné des entreprises, construit des communautés et produit de la connaissance utile pour le pays », souligne-t-il.

À plusieurs reprises, il a pris part à des activités éducatives à l’étranger, dans l’optique de représenter son pays. En 2023, il décroche la deuxième place au concours World Dream Showcase, une expérience qu’il qualifie d’enrichissante. « En général, je gagne les concours — donc cette fois-ci, ça m’a recentré. Mais ce que je retiens surtout, c’est la solidarité incroyable de la communauté haïtienne pendant les votes », raconte-t-il.

« Ces expériences m’inspirent profondément ; que ce soit le Parlement Francophone des Jeunes à Montréal en 2024, le World Dream Showcase ou d’autres conférences. Elles me rappellent que je suis Haïtien, que j’ai une responsabilité envers mon pays, et que je dois contribuer à construire le futur que je souhaite, pour moi, pour nous, et pour les générations à venir », poursuit Beaubrun.

Par ailleurs, il est membre de l’organisation Le Paradis Haïtiens, qui œuvre à valoriser l’image du pays. « Cette organisation choisit de mettre en avant nos richesses humaines, culturelles et créatives. C’est exactement le genre d’initiatives qu’il faut encourager, amplifier et répliquer », estime-t-il.

Bien qu’il ne réside pas de manière permanente à Mare-Rouge, Juste-Cœur Beaubrun reste impliqué dans plusieurs activités sociales dans la zone, parmi lesquelles des projets de transparence budgétaire ou à portée communautaire, à l’échelle nationale et internationale. Pour ses loisirs, il affirme apprécier la lecture, le débat et le sport. « Regarder des matchs fait vraiment partie de mes moments de détente préférés et je suis passionné par la danse, surtout le compas », déclare-t-il.

Malgré un contexte sécuritaire difficile, il dit continuer de puiser de la motivation dans son environnement. « Je crois que c’est notre responsabilité d’être forts aujourd’hui, de faire preuve de patience et de courage, de changer les choses petit à petit, personnellement, dans nos communautés, au travail, et à plus grande échelle ensuite ». Selon lui, les Haïtiens doivent assumer leur devoir envers leur terre natale. « Quel est votre LEGACY si vous n’agissez pas d’une façon à laisser une terre vivable ? », questionne-t-il.

Malgré les tensions qui pèsent sur le pays, il poursuit sa quête de savoir. « Je réfléchis à un futur master, pour approfondir mes connaissances et prendre du recul stratégique ». En parallèle, il développe divers projets personnels et professionnels, notamment avec Banj et d’autres initiatives. En guise de conseil, il invite les jeunes à être « intelligents, disciplinés et sages » s’ils souhaitent progresser économiquement.

Par Youbens Cupidon © Chokarella

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