Des femmes haïtiennes à l’honneur avec quatre prix au Gala Dynastie 2025

Le Gala Dynastie, rendez-vous annuel qui célèbre les figures issues des communautés noires au Québec, a livré ce samedi 26 avril 2025, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts à Montréal, les noms de ses récipiendaires pour sa 9ᵉ édition. Parmi eux, quatre femmes d’origine haïtienne ont été distinguées pour leur contribution dans leurs domaines respectifs.

Dans la catégorie Animateur(trice) de l’année – Télé et Web, Schelby Jean-Baptiste, actrice canado-haïtienne, s’est vue décerner le trophée. Comédienne et animatrice, elle s’est illustrée ces dernières années sur les écrans québécois. Connue pour ses rôles dans plusieurs productions télévisuelles et cinématographiques, on l’a notamment aperçue dans Unité 9, L’Échappée, L’Heure bleue, et plus récemment dans Cette maison, le premier long-métrage de la réalisatrice Miryam Charles. Parallèlement à sa carrière d’actrice, Schelby Jean-Baptiste développe aussi des projets d’écriture et de production audiovisuelle, dont certains ont été retenus dans des initiatives visant à promouvoir la diversité, comme le Netflix-Banff Diversity of Voices Initiative en 2020-2021.

Sur scène, l’artiste a livré un message empreint de lucidité et d’espoir : « À une époque où l’on a l’impression de reculer, ou de se stagner dans le temps, les guerres, les droits humains, la lutte pour la justice, soyons les lumières, tout en étant dans l’action, et conscients collectivement de ce qui se passe. Je pense sincèrement que célébrer est une forme de résistance, et il y a un appel constant que ce passage sur Terre est éphémère, et mérite d’être souligné. »

Dans le domaine de la presse écrite, Kharoll-Ann Souffrant a reçu le prix Personnalité presse écrite de l’année. Travailleuse sociale, chroniqueuse et chercheuse universitaire québécoise d’origine haïtiennee, elle consacre une partie de ses travaux aux questions sociales touchant les communautés noires et racisées, notamment à travers une lecture féministe et intersectionnelle. Doctorante en service social à l’Université d’Ottawa, elle signe également des chroniques et articles dans des publications telles qu’À bâbord, Noovo Info ou encore La Gazette des femmes.

Interrogée à l’issue de la cérémonie, elle a confié : « Non, je ne vais jamais arrêter d’écrire. J’ai toujours écrit, et d’ailleurs je me suis mise à écrire je pense parce qu’on m’a beaucoup coupé la parole quand j’étais enfant, et je pense que quand on nous fait beaucoup couper la parole, quand on nous empêche de parler, quand on nous intimide, on nous fait peur parce qu’on s’exprime, ça dit quelque chose en fait sur la force de notre parole et de nos mots. »

Autre moment fort de la soirée : Dominique Fils-Aimé, Québécoise d’ascendance haïtienne, a été sacrée dans la catégorie Artiste s’étant illustré à l’international. Auteure et interprète montréalaise d’origine haïtienne, elle puise son inspiration dans les icônes de la musique soul des années 40 à 60, de Billie Holiday à Nina Simone. Depuis son premier EP en 2015 et son album Nameless en 2018, Dominique Fils-Aimé a multiplié les distinctions. Son album Stay Tuned! (2019) avait notamment remporté un Juno et un Félix pour « Album Jazz de l’Année » et s’était retrouvé sur la courte liste du Prix Polaris.

En 2021, elle clôturait une trilogie musicale saluée par la critique avec Three Little Words, suivi d’une tournée canadienne et européenne. En parallèle de ses albums, Dominique s’est produite sur plusieurs scènes prestigieuses, du Festival international de jazz de Montréal au Festival de Montreux à Tokyo. L’artiste a également été nommée Révélation Jazz Radio-Canada 2019-2020 et a récemment entamé une nouvelle trilogie, amorcée par Our Roots Run Deep en 2023, qui lui a valu de nouveaux honneurs aux JUNOS et à l’ADISQ en 2024.

«  Allo! Ma je passe à la télé! J’aimerais profiter de ce micro vite fait pour vous inviter premièrement à voter, et aussi à voter tous les jours avec votre argent et avec votre attention sur les différents sujets.
N’hésitez pas à vous célébrer quotidiennement », a déclaré Dominique Fils-Aimé

Autre figure mise à l’honneur : Michèle Stephenson, sacrée dans la catégorie Cinéaste / Réalisatrice de l’année. Née en Haïti, l’ancienne avocate en droits humains est aujourd’hui une documentariste reconnue à l’international. Son travail explore les questions de race, d’identité et de mémoire noire à travers des œuvres telles que Stateless, qui documente la condition des descendants haïtiens en République dominicaine, ou Going to Mars : The Nikki Giovanni Project, consacré à la poétesse militante américaine. Cofondatrice du Rada Film Group, Stephenson multiplie les projets à la croisée du documentaire, de la fiction et des arts immersifs.

La soirée a été animée par Garihanna Jean-Louis, première et seule femme noire diplômée de l’École nationale de l’humour. Elle s’est rapidement imposée comme humoriste au Québec et à l’international avec son style incisif qui reflète à la fois ses origines haïtiennes et sa culture québécoise. Lauréate de nombreux prix, dont Artiste de l’année au ZOOFEST en 2022, un prix Gémeaux en 2021, et Humoriste de l’année au Gala Dynastie 2024, elle a déclaré : « Revenir à l’animation du Gala Dynastie est un véritable honneur pour moi. Ce gala est plus qu’un événement ; c’est une célébration de notre héritage et de nos rêves collectifs. Je suis ravie de retrouver la scène et de partager cette soirée exceptionnelle avec le public et les nommés de cette 9e édition. »

Le Gala Dynastie, qui se tient chaque année à Montréal, met en lumière depuis 2017 les parcours de personnalités noires œuvrant dans les milieux des arts, des médias et de la culture. Cette édition 2025 a une fois de plus témoigné de la diversité et de la pluralité des trajectoires qui composent le paysage culturel québécois.

La soirée s’est clôturée en musique avec une performance endiablée du chanteur haïtien J. Perry, accompagné de Impossnation. « Quelle belle façon de terminer cette 9ᵉ édition du @galadynastie avec la performance époustouflante de @jperry accompagné de @impossnation », a-t-on pu lire sur les réseaux sociaux à l’issue de cet événement qui, une fois encore, aura su allier reconnaissance et célébration.

“850 candidatures ont été reçues pour cette nouvelle édition. Un jury de 30 professionnel·les des industries culturelles, médiatiques et artistiques a été mobilisé pour analyser avec rigueur l’ensemble des dossiers et sélectionner les finalistes et gagnant·es dans 17 catégories regroupant les domaines des médias et de la culture”, lit-on sur le site du Gala Dynastie.

À noter que les finalistes ont été évalués selon leurs réalisations durant la période d’éligibilité allant du 1er septembre 2023 au 31 août 2024.

Par Ravensley Boisrond, éditeur en chef de Chokarella

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