Avec “Au nom du Père, du Fils et des Saints-Martyrs“, son troisième ouvrage, Clauvell Jr Louis Jean poursuit une réflexion sur les conséquences des fautes non assumées et la quête de rédemption. Dans ce récit, l’auteur s’appuie sur la fiction pour mieux ramener ses lecteurs à certaines réalités de la vie quotidienne. Il convoque notamment une citation de l’écrivain suisse Joël Dicker, qui écrivait dans l’un de ses romans : « La vie est une succession de choix qu’il faut savoir assumer ensuite », pour insister sur l’urgence de prendre ses responsabilités.
« Ce roman ne révèle pas un secret particulier, mais plutôt une part de ce que chacun de nous cache au fond de lui », confie Clauvell Jr Louis Jean.
Passionné de cuisine, de musique et de cinéma, l’auteur revient avec un roman à suspense qui sollicite autant la conscience individuelle que collective. Le titre choisi, “Au nom du Père, du Fils et des Saints-Martyrs“, ne relève pas du hasard. Il s’inscrit dans la continuité de réflexions sur les conséquences des actes et les décisions du quotidien. Clauvell Jr Louis Jean explique d’ailleurs que l’idée de ce récit a émergé à la suite de sa lecture de” La Vérité sur l’affaire Harry Quebert” de Joël Dicker. « La structure en trois temps de ce récit et ledit procédé fusil de Tchekhov utilisé par l’auteur m’a profondément marqué, au point de vouloir en explorer moi-même les ressorts narratifs », indique-t-il.
Le titre de ce roman, selon lui, revêt une forte charge symbolique, en ce qu’il mobilise la figure trinitaire pour exprimer la relation intrinsèque entre l’individu, la famille et la société. « Ces trois entités, à l’image des hypostases chrétiennes, s’interpénètrent, se répondent et s’influencent mutuellement », explique-t-il.
Clauvell Jr Louis Jean admet avoir été influencé par la maxime de Joël Dicker pour tisser le fil conducteur de son intrigue. « Cette maxime résume à elle seule toute la trame de “Au nom du Père, du Fils et des Saints-Martyrs“, où chaque personnage se confronte, tôt ou tard, aux conséquences irréversibles de ses décisions », précise-t-il.

À travers ce récit, l’auteur entend aussi livrer une lecture de la situation actuelle du pays, tout en appelant à une prise de conscience générale. « Ce roman interpelle sur cette absence flagrante de accountability, pour employer un terme anglo-saxon qui traduit mieux que tout autre cette exigence de répondre de ses actes. Il rappelle que toute société en crise est d’abord composée d’individus en fuite devant leurs responsabilités », observe-t-il.
Les personnages principaux de ce roman — Reynald, Raymond et Charlot — ne sont pas des figures héroïques ou idéalisées. « Ce ne sont ni des héros flamboyants, ni des princes irréprochables. Ce sont des hommes ordinaires, façonnés par le poids des attentes sociales, souvent égarés par elles », commente l’auteur.
En mêlant sacré et tragique, Clauvell Jr Louis Jean revendique un style d’écriture qui rappelle par moments celui de Jacques Stephen Alexis ou de Lyonel Trouillot, et une tonalité proche de Dany Laferrière, tout en s’inscrivant dans une démarche journalistique. « Cette fiction parle de nous tous. Ces deux dimensions se croisent inévitablement dans notre expérience humaine. Elle met en lumière cette tension universelle entre ce que l’on est, ce que l’on montre, et ce que l’on cache. C’est, en définitive, une fiction empreinte d’une profonde humanité », confie-t-il.
Interrogé sur l’état de la littérature haïtienne, l’auteur se montre lucide : « Au milieu de ce brouillard, je vois émerger une jeunesse tenace, audacieuse, qui résiste à sa manière. L’écriture devient alors un acte de survie, de résistance face aux vagues destructrices de notre réalité ».
Diplômé en Lettres modernes de l’École Normale Supérieure de l’Université d’État d’Haïti (UEH), Clauvell Jr Louis Jean a également décroché un master en Littérature et Transculturalité. En 2018, il publie Mémoires d’un trépassé, suivi en 2020 de EXceptionn’elles. Il participe ensuite à l’ouvrage collectif Haïti face à la COVID-19, paru chez C3 Éditions. “Au nom du Père, du Fils et des Saints-Martyrs“, paru aux Éditions Julien Hilaire, constitue son troisième livre.
Résumé de l’ouvrage
Les thématiques majeures de ce roman tournent autour de la quête de responsabilité, de rédemption et de la confrontation avec ses propres failles. L’un des fils conducteurs est l’idée que les choix individuels, même les plus personnels, ont des répercussions sur la famille et, par extension, sur la société.
À travers les personnages, il explore la manière dont les secrets, la honte et les erreurs peuvent ronger l’individu et l’empêcher de faire face à sa propre vérité.
Dans une autre approche du poids des exigences sociales, les personnages se trouvent souvent tiraillés entre leurs propres désirs et les attentes extérieures. Cela les conduit à des dilemmes moraux et à une crise d’identité qui les pousse, parfois, à se perdre dans les illusions d’un monde où l’apparence prime.
Outre une réflexion sur la rédemption et le salut, l’auteur croit profondément en la possibilité de se relever, même après les pires erreurs. Ce roman, au-delà de ses éléments de suspense, est aussi un appel à la conscience de chacun, à la nécessité de faire face à ses responsabilités et à la possibilité d’un renouveau, quel que soit le poids du passé. Ainsi, la force de l’amour est aussi un concept non négligeable développé à travers la narration.

Par Gerole Midy Chokarella © Chokarella