Carel In The Morning : Alexandre Ade, du bénévolat à la coordination du Haitian Compas Festival

Invité ce mardi 22 avril dans l’émission « Carel In The Morning », Alexandre Ade, project manager du Haitian Compas Festival (HCF), a apporté des précisions sur la 27e édition de cet événement majeur de la communauté haïtienne à Miami. Prévu le 18 mai prochain, jour de la fête du drapeau haïtien, le festival s’annonce comme une nouvelle étape dans son parcours professionnel dans le monde de l’événementiel culturel.

Alexandre Ade a retracé son cheminement, depuis ses débuts jusqu’à son intégration à l’équipe du Haitian Compas Festival. « J’avais entamé ce chemin avec le groupe FKD aux côtés de mon cousin Richard, nous avons l’habitude d’organiser des petites soirées festives ensemble à Marabou Cafe, et par la suite nous lançons le FKD comme un groupe musical d’où Richard serait chanteur », explique-t-il. Après plusieurs soirées réussies, le groupe élargit son équipe. « Nous élargissions notre ressource humaine en collaborant notamment avec Rodney Noël »

Cette année, le comité du HCF introduit une nouveauté dans la programmation artistique, avec un rééquilibrage entre les artistes femmes et hommes. « Normalement, le marché est en train de connaître une mutation, il était temps de présenter notre nouveau point de vue du business et nous ne pourrons plaire à tout le monde. Certes, il y a des habitués qui ne sont pas figurés dans l’affiche, mais nous étions en pourparlers avec eux », précise Alexandre Ade.

Né de parents haïtiens aux États-Unis, Alexandre raconte comment il s’est familiarisé très tôt avec la musique haïtienne. « J’ai développé un amour pour la musique traditionnelle d’Haïti en écoutant Tabou Combo, Sweet Micky entre autres, puisque ma mère et mon père les écoutaient tout le temps à la maison », se souvient-il. Avec ses cousins et ses amis d’enfance, il cofonde FKD dans le but d’apporter des moments de divertissement à leur communauté. Mais avec le temps, les parcours se sont éloignés. « Les membres de FKD ont décidé de suivre leurs rêves dans d’autres branches. Il y en a qui se sont retournés en Haïti et d’autres qui se sont mariés », explique-t-il.

Malgré ces changements, Alexandre poursuit son implication dans l’organisation d’événements. « En continuant de collaborer avec Rodney, qui est quelqu’un qui a de grandes idées, en parallèle avec FKD, cela a ouvert mon champ de vision dans le business et c’est ainsi que je suis devenu un membre à part entière de son équipe, petit à petit après la dissolution de ma structure. » Il évoque aussi sa première expérience du festival en tant que spectateur. « En tant qu’un Haïtien qui a grandi aux USA, j’étais vraiment fier de voir mes compatriotes avec leurs drapeaux en main et depuis ce jour je ne rate jamais même une seule édition », dit-il.

Pour Alexandre Ade, le festival a également eu un impact personnel dans sa construction identitaire. « On jouait de la musique haïtienne que les 18 mai pour commémorer la fête du drapeau. Nous, les Haïtiens de souche ou les descendants, nous étions dans nos petits coins comme si nous formions notre petite société. Mais dès l’arrivée du festival, tout a changé, parce qu’on sait, après la petite commémoration qui aurait lieu dans l’établissement, le lendemain nous allons célébrer avec nos artistes en toute intimité. Ça revêt d’une grande importance pour moi », confie-t-il.

Le Haitian Compas Festival, qui coïncide chaque année avec la fête du drapeau haïtien, est devenu l’une des manifestations phares de la diaspora haïtienne à Miami. L’événement dépasse aujourd’hui le cadre d’une simple journée de célébration. Tout au long du mois de mai, plusieurs activités connexes sont organisées en hommage à la culture haïtienne. Cette dynamique contribue à renforcer l’attrait touristique de la ville. « La réputation que Rodney a créée avec son équipe pour la culture haïtienne est merveilleuse. Au sein de l’entreprise que je travaille, dès que le 18 mai arrive, les blancs se sont souvenus que c’est la fête du bicolore haïtien. On reçoit même des mails de bonne célébration du drapeau haïtien », témoigne Alexandre Ade.

Celui qui a intégré l’équipe du festival comme community manager bénévole se rappelle d’un moment marquant : « Je roulais toujours en voiture avec lui, puis un jour il m’a dit qu’il va m’assigner la tâche de vérifier l’authenticité des billets aux côtés de Jean Michel », raconte-t-il. « À l’époque, j’étais à l’école. Cela représentait beaucoup pour moi parce que ça m’enrichit (rire) », ajoute-t-il.

Après plusieurs années de collaboration, ses mentors envisagent de lui transmettre la direction du festival. « Rodney et Jean Michel veulent que je prenne les rênes. Mais ce que je veux réaliser avec, c’est de les permettre de vivre les trente ans du festival. Ensuite, nous pourrions entamer cette conversation », confie celui qui a participé à la relance du festival après la crise sanitaire liée à la Covid-19.

Selon lui, l’organisation du festival reste un défi permanent. « De jour en jour, les défis sont plus nombreux dans notre industrie. Même après les vingt-sept ans du festival, nous travaillons d’arrache-pied pour rester consistants et développer de nouvelles choses pour attirer des spectateurs », explique-t-il. Il estime par ailleurs que certains sous-estiment les exigences du métier : « Il y a des gens qui ont forcément compris qu’ils devraient être assis pour explorer leurs succès. Mais non, la réalité est complètement différente », précise-t-il.

Enfin, Alexandre Ade revient sur les aléas techniques et logistiques qui peuvent affecter le bon déroulement du festival. Il cite notamment les problèmes liés au matériel de sonorisation ou à la logistique des artistes. « Il y a des groupes musicaux qui ne demeurent pas à Miami. Souvent, il y en a parmi eux qui nous disent qu’ils ne connaissent pas la location du festival. Ou du moins, il y a des musiciens qui n’arrivent pas avec leurs bands », déclare-t-il.

Regardez l’interview complète de Carel Pedre avec Alexandre Ade sur la chaîne YouTube de Chokarella ci-dessous :

Par Youbens Cupidon © Chokarella

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.