Connu sous le nom de scène Reeval, Ralph Valéry Joé Alfred multiplie les rôles sur scène, passant de l’interprétation théâtrale au chant. Metteur en scène, humoriste, écrivain, mais aussi formateur en informatique, il évolue depuis plus de vingt ans dans le secteur culturel. Lors d’une entrevue avec la rédaction de Chokarella, il revient sur ce parcours entamé dès le collège.
C’est au collège Saint-Pierre, dans le cadre du club des jeunes créatifs de l’établissement, que Ralph fait ses premiers pas sur scène. Il découvre alors une passion particulière pour le théâtre. “C’est l’art qui m’a choisi”, dit-il. Dès 2003, il saisit les occasions pour exprimer son intérêt pour cette discipline. En octobre 2007, il propose à son ami Patrick Daniel Frédéric de créer ensemble une structure, la Compagnie de Théâtre Ami. Aujourd’hui, ce dernier en est le metteur en scène.
L’artiste se livre sur ce qui le pousse à rester fidèle à la scène. “J’aime partager des émotions avec d’autres personnes. Je me sens vivant lorsque j’arrive à transmettre des émotions à d’autres personnes, quand je suis sur scène, quand j’incarne un personnage et que j’arrive à faire rire, pleurer, frissonner des gens”.

Au fil des années, Reeval collabore avec différentes structures, dont la FOCALE et l’Institut Français, et construit un répertoire riche en sketchs et spectacles. “C’est une panoplie de choses que j’ai fait, j’ai des tas de spectacles et de sketchs à mon actif pour les 20 ans de carrière”, raconte-t-il.
La formation reste, selon lui, un pilier indispensable dans cette trajectoire. Il rejoint l’École Nationale des Arts (ENARTS), puis suit une formation en humour à l’école d’humour du Canada. “Disons que je prends très au sérieux le métier d’artiste. Donc c’est pour cela que j’ai pris le temps de me former là-dessus, j’ai pris des tas de formations et j’ai aussi une formation en tant qu’humoriste c’est avec l’école d’humour du Canada”, précise-t-il.
Il insiste sur l’importance de sa propre implication dans le développement du métier. “Je m’investis à fond parce que je me dis que s’il y a une façon pour moi de valoriser ce métier et de faire en sorte aussi que les autres prennent ce métier au sérieux, c’est à moi déjà de le faire de le prendre au sérieux et de le faire de façon professionnelle”.
Issu d’un environnement musical, Reeval évoque l’influence de son père, musicien. “J’ai éveillé en moi ce côté musicien, chanteur depuis longtemps”, explique-t-il. Un domaine dans lequel il s’engage à temps plein : “Je ne travaille pas dans d’autres domaines que le domaine artistique”.
Cette polyvalence s’accompagne d’une formation continue. “Je me suis formé en tant qu’acteur et en tant que chanteur. Après une formation en danse, j’ai aussi pris des formations de base dans certains instruments”, explique-t-il.
En 2017, il renforce son engagement dans la musique en intégrant le groupe “Ekilib”, managé par Philippe Saint-Louis. Après la dissolution du groupe, il poursuit l’aventure en solo sous le nom de Reeval. Plusieurs titres ont vu le jour depuis, notamment Kèm Louvri Pou Ou, Ede Nou (feat BIC), Fòs La Nan Ou (feat SLamarre, Vlad, Annie) et Bondye Bon (feat SLamarre), sorti le 27 mars dernier.

Mais l’évolution de sa carrière ne se fait pas sans heurts. L’instabilité actuelle du pays freine la production artistique. “Pour créer des spectacles, pour faire des prestations et autres il faut un climat de calme”, observe-t-il. Il poursuit : “Ce moment-là que je vis en tant qu’artiste, je dirais que c’est l’un des moments les plus difficiles et les plus compliqués que j’ai vécu depuis que j’ai décidé en plus de 20 ans de carrière de faire ce métier”.
Dans ce contexte, il projette de transmettre ses connaissances à la jeunesse en créant une école. Il souhaite également faire circuler le théâtre et la musique haïtienne à l’étranger. “J’ai réussi à passer à 100 % en tant qu’acteur mais je travaille actuellement pour le faire en tant que chanteur. C’est plus difficile compte tenu de ce que je choisis de faire comme musique”.
Aujourd’hui, Reeval entend accorder davantage de place à sa carrière musicale, sans pour autant délaisser le théâtre. “J’ai passé ma vie à prioriser la partie théâtrale, je vais m’accentuer un peu plus dessus”, dit-il. Il conclut : “Je compte toujours continuer dans ce secteur et je pense qu’il y aura des choses à améliorer, rien n’est statique il y aura beaucoup de changements”.
Par Gerole Midy Chokarella © Chokarella