Le rappeur haïtien Stéphan Philippe, connu sous le nom de scène FIP Prezidan, a présenté ce jeudi 26 juin 2025 un nouveau projet intitulé “246 Vol. 1“. Cette mixtape, composée de six titres, s’inscrit dans une démarche à la fois personnelle et enracinée, marquée par un regard introspectif sur la vie et son environnement immédiat.
Dans un entretien accordé à Chokarella à l’occasion de la sortie de ce deuxième projet de sa carrière, l’artiste originaire de Delmas explique la signification du titre. « 246, c’est une référence directe au area code de Delmas, la ville où j’ai grandi. C’est un clin d’œil à mon origine, à mon parcours », précise-t-il. Au-delà d’un simple repère géographique, ce nombre prend ici la valeur d’un symbole, celui d’un attachement et d’un itinéraire artistique forgé dans le rap.
Les morceaux réunis dans “246 Vol. 1” abordent des thématiques variées, allant de la loyauté à la perte, en passant par la résilience et l’ambition. « Ce projet est un miroir de mes réalités. Je parle de loyauté, de distance, de perte, d’ambition, de vérité. Il y a un message pour chaque personne qui garde la foi même quand les choses deviennent floues. C’est pour ceux qui avancent malgré les coups », confie FIP Prezidan.

La mixtape propose six morceaux : KOCHMA, KAZI M, JERE SA, ENVESTI, KALITE AN KANTITE et LAJAN PAJANM REBITAN. Chacun, selon le rappeur, traduit des expériences vécues et une écriture qu’il estime aujourd’hui plus maîtrisée. « J’ai gagné en clarté, en maîtrise. Je suis plus posé, plus précis dans mes propos. Je sais ce que je vaux et je n’ai plus besoin de forcer. Certains prennent ça pour de l’arrogance, mais en vrai c’est juste de la confiance en moi », déclare-t-il.
L’enregistrement s’est déroulé en autonomie, dans un cadre qu’il a voulu intimiste. « J’ai enregistré chez moi, en 3-4 jours, dans un environnement cosy, calme, loin du bruit. Je suis quelqu’un de concentré. Quand je me lance dans un projet, je m’isole et je me donne à fond », raconte l’artiste. S’il signe ce projet en grande partie seul, plusieurs voix l’accompagnent sur certains titres : Graphly on the Track, Gino KSK, Kidnelyrz et Menson Brainhiphop. Des participations qu’il revendique comme réfléchies. « Chaque collaboration est pensée, rien n’est gratuit. On a connecté sur le fond autant que sur la forme », affirme-t-il.
Côté production, la mixtape bénéficie du travail de beatmakers tels que Wunna Beats, MorteBeatz, Benihana, Stratoss, Toxic Beats et Young Beats. Des sonorités conçues pour rester en cohérence avec la direction artistique de l’ensemble. Parmi les morceaux proposés, KOCHMA se distingue pour sa charge émotionnelle. « Ce morceau, c’est moi en pleine vulnérabilité », confie le rappeur, évoquant une période où ses amis proches étaient absents et où il traversait des moments complexes.

FIP Prezidan s’est initié au rap très jeune dans son quartier de Delmas 41, marqué par les performances du groupe Rigwaz, premier groupe rap du secteur à remporter le carnaval. « Cette ambiance m’a formé très tôt », explique-t-il. À 15 ans, il enregistre sa première chanson chez Dugg G Rockfam (Piwo Records) et obtient un passage à la radio, grâce à un ami, qui marque un premier tournant. Un autre événement viendra confirmer son implication artistique : la perte d’un ami proche. « Avec un autre pote, Tommy, on a produit un morceau pour lui. Ce moment-là a solidifié mon envie de faire de la musique sérieusement », se souvient-il.
Se décrivant comme un artiste « vrai, ancré, focus », FIP Prezidan revendique un positionnement éloigné des artifices et des effets de façade. « Je ne suis pas là pour faire semblant. Je représente une génération lucide, avec du feu dans le cœur et des idées claires », déclare-t-il. Pour lui, la musique n’est pas une stratégie mais un repère essentiel. « La musique, c’est ma colonne vertébrale. C’est ce qui m’a permis de tenir, d’avancer, de comprendre le monde autour de moi. C’est mon cri, mon refuge, et mon moyen de communication le plus puissant », conclut-il.
Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella