DevExpo : des professionnels du numérique appellent à structurer l’écosystème haïtien

« Après avoir remarqué qu’il y a un manque d’évolution dans le domaine numérique francophone à l’ère de l’intelligence artificielle, je me suis donné pour mission de me former », a confié Patrick Attié, fondateur de l’École Supérieure d’Infotronique d’Haïti (ESIH), lors d’un panel tenu ce samedi 21 juin à Port-au-Prince. Réuni à l’occasion de la quatrième édition de DevExpo, cet espace de discussions autour de l’innovation numérique a rassemblé plusieurs figures du secteur technologique haïtien.

Modéré par Marc Alain Boucicault, PDG de Banj, ce panel avait pour thème : « Le rôle des institutions dans le soutien à l’innovation technologique en Haïti ». Une initiative visant à réfléchir sur les moyens de structurer un écosystème encore balbutiant dans le pays.

Patrick Attié a détaillé les démarches entreprises pour pallier ce qu’il estime être un retard dans la maîtrise des technologies d’intelligence artificielle dans l’espace francophone. « À la suite de cette formation nous avons développé nos propres formations dans le secteur francophone, le premier s’était étendu sur une durée de trente heures », a-t-il expliqué. Ces sessions ont permis, selon lui, de former des participants à l’écosystème des IA génératives, notamment à l’utilisation des modèles ChatGPT et à la compréhension de cette technologie.

Il ajoute que grâce à l’implication de ses étudiants récemment diplômés, plus de quarante formations en ligne ont été organisées au bénéfice du secteur public, incluant le ministère de l’Éducation nationale et l’Université d’État d’Haïti. Ces formations, indique-t-il, ont porté sur l’intégration de l’IA dans le domaine éducatif.

Présent à cette rencontre, le ministre du Commerce et de l’Industrie, James Monazard, a reconnu les difficultés liées au cadre légal qui entoure le numérique en Haïti. « À ce qui a trait au cadre normatif, en Haïti, nous n’avons pas de lois qui permettent l’expansion du système numérique. Notre code du commerce ne fait pas mention de ce secteur », a-t-il souligné. Il précise toutefois que son ministère travaille à l’élaboration d’une application permettant aux entrepreneurs de procéder à l’enregistrement légal de leurs entreprises à distance.

Le ministre a rapporté que cette application, lancée récemment, a connu un démarrage marqué. « Deux jours après la mise en disponibilité de cette application, grâce à Carel Pedre qui l’a essayée puis félicitée sur ses réseaux sociaux, nous avons reçu plus de 500 demandes d’inscription », a-t-il indiqué.

Pour représenter le secteur privé, Marc Alain Boucicault avait invité Robert Paret, président de l’entreprise ProFin. Celui-ci a plaidé en faveur d’une redéfinition des approches économiques et sociales dans le contexte haïtien. « Quand on parle de richesse, on ne parle pas que de la richesse financière. Les emplois, la santé, l’éducation et la sécurité font partie de cette catégorie. Évidemment, le numérique, la technologie et l’innovation ont un rôle essentiel à jouer », a-t-il déclaré.

Il a également insisté sur le rôle de la jeunesse dans cette dynamique. « Notre proportion de jeunesse, c’est l’un des plus grands avantages que nous avons en Haïti. Nous avons l’opportunité d’avoir accès à l’information et aux formations en temps réel quasiment au même niveau que tout le monde », a-t-il poursuivi.

Robert Paret a toutefois préféré rester discret sur les initiatives en cours au sein de son entreprise. « L’entreprise est en pleine mutation », s’est-il limité à dire.

Enfin, Xavier Michon, représentant résident du PNUD en Haïti, a encouragé les jeunes entrepreneurs à persévérer dans la recherche de financements et à privilégier la collaboration entre acteurs du secteur pour renforcer l’écosystème numérique local.

Marc Alain Boucicault a conclu en insistant sur la nécessité pour les différents acteurs de mutualiser leurs forces. « Nous commençons à les mettre ensemble pour réfléchir sur comment nous pouvons jouer un meilleur rôle à l’intérieur de chaque groupe afin de voir comment nous pourrons exécuter de nouveaux projets », a-t-il affirmé.

Par Youbens Cupidon © Chokarella

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