L’organisation citoyenne “Moun Ayiti” annonce le lancement d’une initiative artistique à destination des jeunes âgés de 17 à 25 ans. Deux concours sont proposés : l’un dédié au dessin, l’autre à l’écriture de texte, autour du thème « Nou ka alèz lakay nou ». La compétition débute le 30 juin 2025 et les candidatures seront acceptées jusqu’au 18 juillet.
À travers ce projet, l’objectif affiché par Moun Ayiti est clair : « offrir aux jeunes un espace pour dire, rêver, et se projeter dans une Haïti possible », explique Mélissandre Boiguené, directrice de communication de l’organisation. Elle précise qu’il ne s’agit pas d’une Haïti idéalisée, mais d’un pays « reconstruit de l’intérieur, par les jeunes eux-mêmes avec leur regard, leur douleur, leur beauté, leur puissance créative ».
Le choix de mêler dessin et écriture s’inscrit dans cette logique. Pour les initiateurs de l’événement, chaque émotion trouve sa propre expression. « Certains jeunes dessinent leur révolte. D’autres écrivent leur silence. En réunissant le dessin et l’écriture, nous permettons à chaque voix de trouver sa forme, et à chaque histoire de se dire librement », poursuit Mélissandre.
Le concours de dessin s’adresse aux jeunes de 17 à 25 ans, sans contrainte technique : papier, peinture, numérique ou crayon, toutes les formes sont acceptées. Seules exigences : respecter le thème et présenter une création originale. Les récompenses prévues incluent un ordinateur portable pour le premier prix, un notebook pour le deuxième et un kit de dessin pour le troisième.

De son côté, le concours de texte est ouvert aux jeunes de 18 à 25 ans. Les participants devront soumettre une nouvelle en créole, d’une longueur comprise entre 2 000 et 3 000 mots. Là encore, les lauréats se verront remettre des prix : un ordinateur portable pour le premier, un téléphone pour le deuxième et une tablette Tab A9+ pour le troisième.
Le choix du thème « Nou ka alèz lakay nou » répond à une réflexion sur le sentiment d’appartenance chez les jeunes. « Trop de jeunes se sentent aujourd’hui étrangers dans leur propre pays. Ils fuient, ils rêvent d’ailleurs, ou pire, ils se taisent », observe Mélissandre. À travers cette initiative, l’organisation souhaite poser une question essentielle : « E si Ayiti se te espas kote w ka grandi, kreye, viv ? »
Au-delà du lieu géographique, le mot « lakay » devient ici une invitation à redonner sens à la notion d’appartenance et de reconstruction. « C’est un cri d’espoir, mais aussi un acte d’engagement », souligne Mélissandre Boiguené.
Un processus de sélection participatif et encadré
Pour garantir l’originalité des œuvres, les organisateurs ont mis en place un dispositif de vérification : anonymisation des créations, contrôles numériques et attestation d’authenticité à fournir par les participants. La sélection des œuvres se veut à la fois participative et rigoureuse.
Dans un premier temps, toutes les productions seront publiées sur une plateforme dédiée. Le public pourra voter, représentant 70 % de la note finale, tandis qu’un jury comptera pour les 30 % restants. Les vingt finalistes bénéficieront d’une mise en avant en ligne et participeront à une deuxième phase de vote, cette fois-ci avec un poids de 80 % pour le public et 20 % pour un jury interdisciplinaire. Selon Mélissandre Boiguené, ce dispositif permet « d’associer la voix populaire et l’expertise, tout en encourageant la mobilisation collective autour des talents jeunes », indique-t-elle à Chokarella.

À propos de Moun Ayiti
Née de l’initiative de citoyennes et citoyens engagés, Moun Ayiti agit à la croisée de la culture, de l’éducation et de la participation civique. L’organisation place la jeunesse au cœur de son action et mise sur le développement de la conscience critique, de la créativité et du sens des responsabilités collectives. « Nous ne faisons pas que dénoncer. Nous construisons », rappelle Mélissandre.
Pour les responsables de cette initiative, ce concours s’inscrit dans une démarche de transmission et de prise de parole. « Ce concours n’est pas une distraction : c’est un levier de reconquête symbolique. Nous espérons raviver l’attachement au pays, la volonté de s’engager, et surtout, la foi en soi et en l’avenir », conclut-elle.
Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve © Chokarella